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pour L...
22 mai 2016

Extrait 5 : Bref repos

« Tu vas passer la nuit ici, l'informa Björn.

On est où ? demanda-t-il. Je vais encore devoir me faufiler dans un terrier ?

Non, cette fois, réjouis-toi, tu restes en surface. Nous sommes près d'un chablis, un arbre couché par le vent. Quand la tempête l'a fait tombé, ses racines ont arraché une épaisse couche de terre. En te calant au fond du trou qu'elles ont laissé dans le sol, elle t'offrirons une épaisse toiture, aussi efficace contre les intempéries que contre les appareils de détection. Installe-toi pendant que je vais chercher un deuxième bouclier. Nous les poserons devant toi et, en ajoutant quelques branches, tu seras tout à fait invisible.

Enfin,… je crois pas que ça empêcherait les loups ou les ours de te trouver, mais on en a pas vu par ici ces derniers jours, ajouta Slim, avant de souhaiter bonne nuit à Alex. »

« Ils n'ont quand même pas réellement l'intention de me laisser dormir dehors ! s'indigna le jeune citoyen. »

La dernière phrase de Slim pouvait laisser croire à une blague de mauvais goût, une sorte de bizutage.

Björn revint pourtant bel et bien avec un second bouclier, qu'il ajusta à coté du premier. Il s'appliqua ensuite à camoufler le tout, avant de prendre congé. Après quelques longues minutes d'attente, Alex se résolu à sortir son duvet de son sac à dos. Entre la parois terreuse et les boucliers, il avait peu de place pour bouger. Comme le duvet se trouvait au fond du sac, l'opération fut fastidieuse. Une fois dans son sac de couchage, Alex remit sur lui l'épaisse cape de jonc. Ainsi couvert et protégé par des boucliers qui avait démontré leur efficacité, l'aventurier en herbe était résolu à dormir, soucieux de se présenter en forme devant Lucie.

Une dernière pensée lui traversa l'esprit :

« Nous sommes apparemment au milieu de nul part. Et si Lucie et son père étaient déjà en fuite ? S'ils étaient en cavale et cherchaient à rejoindre les Cités ? »

 

Alex dormait depuis peu, d'un sommeil agité, quand deux longs serpents noirs entrèrent dans son refuge par les interstices laissés entre les boucliers et la parois, vers sa tête et ses pieds. Affolé, il tenta de repousser les deux serpents, agitant les bras et les jambes en gestes aussi désordonnés qu'inefficaces. Bientôt d'autres serpents se faufilèrent dans l'étroit refuge, arrivant toujours plus nombreux. Sans chercher à le mordre, les serpents s'enroulaient autour de garçon, maintenant impuissant. Ils s'enroulaient autour de lui en une étreinte terrible. Ils voulaient l'écraser, l'anéantir. Alex sentait que bientôt il allait disparaître, ensevelit par cet entrelacs, quand il se réveilla en sursaut.

Suffoqué, il aspirait l'air froid de la nuit avec avidité. En sueur, tremblant de tout ses membres, il lui fallut du temps pour retrouver son calme.

Un calme d'ailleurs tout relatif, car ses sens étaient maintenant en alerte. Profondément marqué par son cauchemar, il lui semblait à tout instant entendre au dehors un bruissement dans les feuilles et s'attendait à voir surgir la tête d'un serpent mécanique par l'une des ouvertures. Son regard se portait alternativement sur l'une et l'autre, en mouvements nerveux. C'était là un réflexe tout à fait inutile, puisqu'il faisait encore si noir qu'il ne pouvait pas même discerner sa main devant son visage.

Quand au bout d'un moment le vent cessa enfin, Alex goûta le silence et cru même un instant pouvoir se rendormir, bercé par un nouveau bruit doux et régulier : celui de la pluie qui commençait à tomber.

 

 

------***------

 

 

 

Le sol de la forêt, sec depuis trop longtemps, ne parvenait pas à absorber toute l'eau qui l'arrosait maintenant. Elle ruisselait en surface, suivant la moindre pente. L’abri d'Alex était un trou, dont un filet d'eau trouva bientôt le chemin. Le garçon avait promis de rester là jusqu'au retour de Björn, mais une flaque commençait à se former. La litière de feuilles et de branches sur laquelle il était couché le tenait pour un temps au sec, mais le filet d'eau prenait rapidement de l'importance, alimentant toujours plus vite la flaque.

Alex sortit de son duvet, qu'il entreprit de ranger dans son sac, pour le garder au sec. Il enfilait sa cape de jonc et s'apprêtait à trahir sa promesse, quand Björn arriva :

« Debout, là dedans !

Je suis déjà à genoux, et c'est le mieux que je puisse faire, répondit Alex. Vous arrivez à temps : J'allais devoir sortir pour ne pas me noyer !

Mais comme tu peux le voir, je m'y attendais un peu. Allez petit, on va te mettre au sec ! Suis moi et tiens bien ton bouclier, cette fois. »

À la lumière du jour naissant, Alex découvrit enfin les trait du père de Lucie, qui réveillèrent instantanément en lui le souvenir d'une illustration de son enfance : celle d'un chef Viking, juché à la proue de son drakkar à voile rouge et blanche. Les yeux clairs sous un large front, la barbe touffue, les longs cheveux châtains, tout y était, sauf bien-sur le casque à cornes et l'épée brandit vers le ciel.

Sans oser partager son souvenir, Alex le suivit.

« Peut-être me conduit-il enfin vers Lucie ! »

Après dix minutes d'une marche rapide à travers la forêt, dans laquelle le nouvel arrivant n'aperçut toujours aucune trace de présence humaine, ils arrivèrent à une falaise où était dissimulée l'entrée d'une grotte qu'Alex n'aurait jamais pu trouver seul. Un épais rideau de lierre tombait de la paroi rocheuse devant une porte en bois elle même entièrement couverte de végétation.

Dès qu'ils furent entrés, Björn referma la porte sur eux. À l'aide d'une sorte de briquet, qu'il alluma en le frappant contre la paroi de la grotte, il éclaira un reste de chandelle tiré de sa poche.

Devant eux s'ouvrait une salle où étaient amassés des jarres de terre cuite bouchées et des paniers de toutes formes et dimensions, remplis d'aliments en tout genre. Mais au milieu de tout ça, nulle trace de Lucie !

« Ici tu seras au sec, annonça Björn.

C'est bien mieux que le trou dans lequel j'ai dormi. Vous auriez pu m'amener ici directement. J'ai cru mourir de froid, couché par terre !

À nouveau des reproches, sans même prendre la peine de réfléchir... Non, nous n'aurions pas pu t'amener ici cette nuit ! Nous ne savons presque rien de la génération de mouchards que tu porte et nous ne pouvions pas prendre le risque de laisser découvrir notre principal garde-manger.

Maintenant c'est différent. Je sais que si tu n'as pas été repéré cette nuit, il ne te trouverons pas ici.

Parce que vous n'étiez même pas sur que je sois à l'abri ?

J'avais quelques doutes, reconnu Björn sans sourcilier.

Content de voir que ça vous émeut ! Je vous demande pas d'en faire des tonnes, mais vous pourriez au moins avoir l'air un peu ennuyé de m'avoir fait risquer ma vie !

Écoute-moi bien, jeune homme. C'est toi qui as décidé de venir jusqu'ici pour rejoindre ma fille. Tu as décidé seul de venir risquer ta vie dans cette forêt.

Les gens qui vivent ici ne demandent qu'à continuer à vivre en paix et ignorés de tes concitoyens. Tous se seraient bien passé de l'agitation que ta venu provoque. Il me semble important que tu comprennes ça rapidement et que tu commences à assumer tes actes. Ceux qui nous font l'immense confiance de nous permettre de te cacher dans cette grotte n'aiment pas beaucoup les citoyens. Si tu ajoutes à ça le fait que ton arrivée met tout le monde en danger, tu comprendras qu'ils ne sont pas spécialement disposés à t'accepter. Ne leur complique pas la tâche en rendant les autres responsables de tes petits malheurs. »

Sur ses paroles, Björn se leva pour partir.

« Surtout, reste dans la grotte et ne touche à rien. Slim t'apportera à manger dans un moment. » Il ouvrit la porte et souffla sa bougie.

« Vous ne me laissez pas de lumière, s'inquiéta Alex ?

Tu n'en as pas besoin et la cire est une denrée précieuse. Répondit Björn en refermant la porte. »

« Il n'a peut-être ni le casque ni l'épée, mais il a bien les manières d'un barbare ! » pesta le jeune homme dans le noir. Comment un tel rustre pouvait-il être le père d'une fille si parfaite ?

Alex eu alors une pensée pour son propre père : Il se demandait quelle réponse la génétique pouvait apporter à un tel paradoxe.

Pour tromper l'ennui et parce que les provisions amassées l'avaient intrigué, Alex chercha dans son sac une lampe à dynamo et entreprit l'examen du garde-manger.

Quelles réserves ! Combien de personnes avaient été nécessaires à l'accumulation d'autant de nourriture ? Qui avait pu fabriquer tout ces pots et tout ces panier ? Les anarchistes sauraient-ils faire autre-chose que détruire ?

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Commentaires
M
L'intrigue & la phase de découverte progressive sont vraiment bien amené! <br /> <br /> La vision futuriste de la société en contraste avec la re découverte de la nature est interessant , on a hate de découvrir la suite.
N
Je ne suis quand même pas le seul à aimer cette histoire?<br /> <br /> Personne n'ose laisser des messages?<br /> <br /> Posté quelques encouragements pour l'auteur pour qui c'est son 1er récit et qui doit avoir besoin de soutien pour continuer ses rêves et par la même occasion nous divertir avec ces trop beau récit. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci et continuez. Vivement le 6eme volet
pour L...
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